Pauline Weidman / Cie L’enracinée
» Au sortir des traversées inertes de deux confinements, à la peur d’oublier comment et pourquoi il était essentiel de se retrouver en foule et de « célébrer », l’équipe de la Roncette affairée au théâtre conviait l’Enracinée, compagnie à l’écoute et alors au travail d’une forme de fête itinérante. Elle l’invitait à penser avec elle une Grande Fête pour le printemps 2022. Une fête dans le village, une fête pour tout le monde et une fête avec.
L’équipe d’étude est arrivé en mars pour pro-mener son enquête. Lissant son expérience accumulée au service du commun, elle transportait micro, questions et flammèches pour dénicher les souvenirs et les appétits quant aux rassemblements du coin, inviter en grand toutes celles et ceux qui avaient dans leurs dires un soupçon d’idée à propos de ce qu’il y avait à faire, ici. Sur la place centrale d’une ville aux couches identitaires empilées, il s’agissait de déjouer les représentations de chaque strate générationnelle, de chaque quartier, de chaque projet pour la ville, de chaque lecture de l’Histoire pour inventer une fête.
En complicité resserrée avec la Roncette (qui s’aventurait assurément vers des formes ouvertes et inventives de diffusion artistique : jardins, rues, fermes, granges, forêts et autres lieux du paysage), l’Enracinée a mené sa recherche avec des soutiens multiples et engagés dans ce groupe d’activateurs dispersés et actifs. Hébergée chez l’habitant, accueillie en permanence pour échafauder l’enquête et penser les lignes de questionnement, une multitude de pistes lui ont été fournies pour « aller à la rencontre » et multiplier les tentatives entre espaces privés et lieux publics. Processions, bureau apéritif au sortir de l’usine, bal musette au Carrefour Market, conférence sur les similitudes et distinctions entre théâtre et fête ont ponctué sa présence au sein d’une histoire qui continuait d’appartenir aux gens d’ici.
Une semaine de rencontre s’est alors organisée sous le nom d’Académie et la Grande fête s’est déroulée le 17 juin de cette même année. Dix grandes Ripailles ont rassemblé mangeurs penseurs à table, à toutes les étapes de la fête.
Maintenant et grâce au soutien de la Maison du Livre, un recueil s’écrit pour que restent quelques traces de vin, cendres mouillées, confettis embourbés, entre les murs d’ici. »